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crédits : windsofwinters@tumblr

juno james

somebody that i used to know

Comment sont tes relations avec tes parents ? Oh, c'est pas très glorieux, vous savez, mais c'est vraiment pas nécessaire d'en faire tout un plat ! Mon père s'est replié comme une petite coquille quand ma mère est morte, alors ça fait un bout de temps que je n'ai pas tenu de longue conversation avec lui. Moi et Winnie on lui rend visite, parfois, évidemment... À Noël et Thanksgiving, des occasions du même genre. On partage un bout de dinde, et au revoir, on se revoit l'an prochain ! C'est pas tragique, c'est comme ça. Je commencerai pas à me casser la tête pour un homme qui n'en a pas grand chose à foutre que je me fende le cul en doux pour lui ou que je lui fait livrer des fleurs chaque jour que le bon dieu emmène. Et puis c'est pas comme si on vivait à mille lieux l'un de l'autre, je n'ai qu'à faire vingt minutes de voiture et voilà. C'est une relation polie, voilà. Évidemment, ça n'a pas toujours été comme ça. Quand maman était en vie, avant son cancer, et bien... On était une belle petite famille des suburbs. Mais tout change à un moment ou un autre, n'est-ce pas ? C'est quoi ton but dans la vie ? Comme tout le monde : vivre. Je veux vivre ma vie, comme je la souhaite, faire ce que j'ai envie de faire, et ne rien laisser me bloquer le chemin. C'est pas trop compliqué, non ? C'est même un peu cliché. Mais je ne vois pas pourquoi on se ferait des cachotteries. Le but de la vie, c'est de la vivre, voilà tout. T'es amoureux en ce moment ? J'ai sincèrement envie de soupirer. L'amour, bien sûr que ça vient sur le sujet. Non, je ne suis pas amoureuse, pas aux dernières nouvelles. C'est tellement un concept abstrait... Il y a des gens que j'aime sur cette planète, évidemment. Mais je ne suis amoureuse de personne. J'aime ma soeur, parce qu'elle est ce qu'elle est et qu'elle peut bien m'appeler au beau milieu de la nuit pour me dire qu'elle a envie de tacos et ça va me faire rigoler. J'aime Riley parce que je suis bien avec lui, qu'on a une belle complicité et qu'on ne fait pas ça compliquer. J'aime Woody parce que bordel qu'il est doué sous la couette, parce que quand il me sourit ça me fait plaisir et que j'aime comment ses cheveux vont dans tous les sens après une folle nuit, et... Hum, non. Je ne suis pas amoureuse. C'est quoi tes pêchers mignons ? Je n'ai pas de péché mignon. Ce que je veux faire, je le fais, je n'ai pas de scrupules à les faire. Que penses tu de Madison Creek ? Difficile de donner son opinion sur un paysage qu'on connaît depuis l'enfance, mais je m'y plais. Il y a tout ce qu'il faut, même si parfois il manque un peu d'action et qu'il y a trop de neige pendant le mois de janvier. Comment te vois tu dans 10 ans ? J'en sais rien, on verra bien.

where have you been

Elle revivait tout en un éclair. Le soleil qui tapait sur ses cheveux dorés, l’odeur sâlé de son père qui transpirait à grosses gouttes, le grognement sortant des lèvres du prêtre, l’inconfort de ses nouveaux souliers, le deuil sur les visages. C’était une journée comme celle-ci, exactement comme celle-ci. Le genre de journée que vous n’avez pas envie de passer dehors tellement la température est élevée. Le genre de journée où vous ne buvez que de la limonade et ne mangez que des bleuets. Le genre de journée qui, cependant, devrait vous donner le sourire. Et pourtant, depuis des années, depuis toujours peut-être, les journées de canicule lui rappelle l’enterrement de sa mère.

C’est inusité, quand on y pense. Comment le soleil saurait-il emmener de la tristesse avec lui ? Comment pourrait-on flancher lorsqu’on regarde le ciel et qu’il nous aveugle par sa clarté ? Ces journées-là, elle ne tremble pas. Elle ne pleure pas. Elle ne se range pas en petite boule dans un coin de son appartement. Non, elle sort à la lumière du jour, met un sourire sur ses lèvres et combat la morosité. Car c’est comme cela qu’elle est, Juno.

Les hommes qu’elle a connu ont forgés sa vie.

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«Qu’est-ce qu’on fait ici ?» demande-t’elle au jeune garçon qui lui tiens la main. Elle secoue la tête pour chasser une mèche blonde qui lui tombe devant les yeux. Il se retourne et sourit. Il a l’air d’un gamin de cinq ans, elle ne peut s’empêcher de penser en l’observant tranquillement. «On s’amuse» répond-t’il. Juno arque un sourcil. «On s’amuse ?» C’était véritablement une question. S’il s’amusait, tant mieux pour lui, mais ce n’était pas le cas de la jeune fille. À 19 ans, on s’amuse en buvant un peu trop, en volant la voiture de ses parents ou en achetant des vêtements trop serrés. Pas en se promenant dans un cimetière à neuf heures du soir, alors que le soleil commence à peine à se coucher. Un soupir à fendre l’âme de tous les morts s’échappa de ses lèvres. Elle n’aurait jamais du accepter son invitation. Mais elle n’avait rien de mieux à faire, vraiment. Son dernier pull avait coûté une fortune, elle n’avait presque plus d’argent, et sa soeur était partie elle ne savait où. Que faire sinon accepter l’invitation d’un jeune homme, qui vous dit qu’il aimerait bien passer la soirée en votre compagnie ? Mais le jeune homme est un peu bizarre finalement, et il fait plus froid que prévu, et la pizza était trop petite au restaurant et votre estomac gronde comme le tonnerre.

Elle s’arrête brusquement, l’air lui manquant. Le jeune homme se tourne vers elle, sourcils froncés. Il s’approche, mais elle ne le voit plus. Tout ce que Juno voit, c’est le nom de sa mère gravé dans la pierre. La pierre semble usée, elle a perdu de sa couleur ivoire, elle est juste blanche, elle est vide de tout. Juno n’était jamais revenue ici. Jamais. Elle ne se souvenait même plus où sa mère avait été enterrée. Elle n’avait jamais demandé. «Juno ?» «Ouais ?» répond-t’elle d’un ton vague, ses yeux ne quittant pas la pierre pâlie par le temps. «Tu la connais ?» La jeune femme lève enfin les yeux et l’observe. Il avait l’air d’un gamin, oui, mais ses yeux étaient tendres. Elle se surprit à lui prendre la main. Le vent tempête pendant une seconde et les cheveux dansent. elle ne pense même pas à sa jupe qui lève si haut qu’il aurait pu voir ses petites culottes. Mais il a les yeux rivés sur elle. Il s’inquiète. Il se demande ce qui se passe. Elle se demande si elle saura le garder longtemps. «Non» dit-elle simplement avant de se retourner.

«Riley, pourquoi tu m’as emmené ici ?» Le jeune homme hausse les épaules. «J’en sais rien.» Ses cheveux bruns sont si entremêlés qu’on aurait cru qu’ils avaient survécu à une guerre. Il était grand, arrogant sur les bords, bref, le genre de Juno. Les filles aimaient Riley. Riley aimaient les filles. Il aime avoir raison. Juno aussi. Cela pourrait créer des étincelles. Le genre d’étincelles qui sont agréables au début, puis qui finissent par tout brûler sur leur passage. Mais Juno hausse les épaules, tout comme Riley l’a fait. Ce n’est pas son genre de se casser la tête. Il s’approche, il l’embrasse, et elle sourit.

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«Tourne toi un peu vers la gauche.» Un clic suivit ses paroles, puis un autre, puis un autre. Un bruit familier aux yeux de Juno, c’était certain. Son appareil était son meilleur ami, le plus fidèle compagnon qu’elle n,avait jamais connu. Ils s’étaient connus dans un Best Buy, et maintenant ils partageaient un contrat avec Harper’s Bazzar. C’était un petit contrat, certes, mais pour Juno c’était le monde entier. Elle avait du quitter la Caroline pour s’installer quelques mois à Los Angeles. Son avion repartait demain.

Le jeune acteur lui lanca un regard, comme pour lui demander la permission de bouger. Elle sourit. «Merci» dit-elle avant de s’éloigner. Oui, son avion repartait demain matin. Elle quitterait la ville des anges pour retourner où elle avait toujours vécu. Ça l’arrangeait, d’un côté. Sa soeur lui manquait atrocement. Les interurbains pouvaient coûter une fortune, et Winnie et Juno avaient toujours eu l’habitude de se téléphoner tous les jours. Ça lui ferait du bien de retourner dans un air qu’elle connaissait bien.

«Juno !» Elle se retourna et grogna. Manquait plus que ça. «Qu’est-ce que tu fais là, Dexter ?» Le jeune homme fronça des sourcils, mais un sourire fendait ses lèvres. Il lui tendit un gobelet Starbucks. «Je t’ai apporté un café.» Un son de dégoût sortit des lèvres de Juno. «Beurk, Starbucks, ou les pires cafés du monde.» Dexter sembla perdu un instant alors qu’elle alla jeter le tout. Mais son sérieux revint rapidement. «J’ai entendu dire que tu repartais demain matin.» Juno haussa les épaules. Il allait créer une scène, elle le savait, et ça l’énervait royalement. Tout était toujours trop compliqué avec Dexter. On baise, mais il faut un condom. On s’embrasse, mais il faut qu’on s’étiquette. On fait à manger, mais il faut préchauffer le four 14 minutes, par 17. Bref, il était le contraire de Juno. Mais il était beau. Si beau. Des cheveux bruns-roux, des yeux bleus comme l’océan, une mâchoire carrée, un corps musclé, bref, il aurait pu être une vedette de cinéma.

«Tu comptais me le dire quand ?» demanda-t’il, sa voix tremblotant déjà. Elle leva les yeux au ciel. «Quand tu m’aurais appelé après que je n’ai pas donné de nouvelles pendant plus d’une journée» répondit-elle d’un ton vague. Il lui lanca un regard entendu. Son détachement ne le fait plus reculer, au contraire, ça le fait avancer vers elle. ‘Je vais te prouver que j’en vaux la peine’ a-t’il dit sous les draps après leur premier moment. Elle avait sourit, parce qu’elle sourit toujours.

Mais là, sa patience courrait à sa perte. «Calme-toi, Dex ! Ce n’est pas comme si on était fiancé, j’ai le droit de repartir chez moi.» Elle empoigna son sac et prit la direction de la porte d’un air affirmé, mais il l’arrêta en lui empoignant le bras. «Attends !» Juno tenta de ne pas soupirer de nouveau. «On est pas dans Desperate Housewives, Dex. Retourne sur terre. J’ai une vie, toi aussi, l’histoire se finit ici.» Il plisse des yeux. «Ju, tu m’as dit que tu étais bien ici. Que tu pourrais te faire une vie ici. Avec moi. Tu es talentueuse, tu pourrais tellement réussir !» Elle serre la mâchoire. Il pourrait presque réussir à la convaincre, avec ses yeux qui semblent la supplier.

Personne n’avait jamais véritablement cru au talent de Juno. Personne, sauf peut-être Winnie. Souvent, les gens disaient qu’il n’y avait aucun avenir dans la photographie. La compétition était trop grande. Tu vas manger des bouts de pain pour le reste de ta vie, tout le monde lui murmurait. Mais elle s’était penché sur sa propre estime d’elle-même, et elle avait réussi. Une belle gifle, c’était certain. Mais ça ne s’était pas passé comme ça avec Dexter. Pas du tout.

Il avait vu ses photos, en tant qu’écrivain chez Harper’s Bazzar. Il les avait aimé. C’était lui qui l’avait appelé, qui lui avait dit : «C’est toi que je veux». Elle avait entendu sa voix, rauque et charmante, et avait dit oui sur le champ. Acquérir de l’expérience, oui, mais peut-être avoir une aventure, voilà ce qu’elle voulait en arrivant à Los Angeles. Elle avait eu les deux. Mais Dexter voulait plus. Les hommes veulent souvent plus. Et Juno voulait rester où elle était, et ne pas se compliquer la vie. Tomber en amour avec un homme qui vivait à des milliers de kilomètres de chez elle, ça complique une vie.

Elle se déprit de son emprise et se dirigea vers la porte d’un air déterminé avant qu’il n’ait pu ajouter un mot. Oui, elle était cruelle, se dit-elle en se retournant une dernière fois, croisant son regard. Mais c’était mieux comme ça. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

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Juno laissa tomber un soupir de satisfaction en tombant sur le lit. Le sexe. Voilà une manière certaine de se détendre. Si elle n’aimait pas autant la photo, la jeune femme pourrait sans problème déclarer le sexe comme son activité favorite. Surtout avec Woody. Mais bon, le shopping, c’était pas mal non plus. Elle tourna la tête pour observer le jeune homme. Son torse montait et descendait au rythme de sa respiration, ses cheveux bruns ébouriffés sur sa tête par leur étreinte.

«Je ne pensais pas que ce serait ta réponse» dit-il dans un souffle. Un petit rire s’échappa de ses lèvres. «Qu’aurais-tu voulu que je te dise ?» répondit-elle en s’étendant sur le ventre. Elle prit une petite voix aigue. «Woody, espèce de sale menteur, je ne veux plus jamais te voir ! Sors de ma vie !» Il rit avec elle, et ça la soulagea. Pour une fois, quelqu’un qui ne prenais pas tout au sérieux. C’était sans aucun doute ce qu’elle aimait le plus chez Woody. C’était facile. «Quand même, je viens de t’annoncer que tu es la fille avec laquelle je trompe ma copine, et tout ce que tu fais, c’est me dire que tu t’en fous avant de me sauter dessus» déclare-t’il en souriant. Elle haussa des sourcils. «Je ne t’ai pas entendu te plaindre.» Elle lui vola un baiser et se redressa dans le lit. «Bon, je dois y aller. J’ai un rendez-vous pour un contrat.»

Il lui sourit une dernière fois avant qu’elle ne franchisse la porte. Elle détesta ce sourire. Il voulait dire des centaines de choses à la fois. Il voulait dire ‘à plus tard’, il voulait dire ‘merci pour la baise’, il voulait dire ‘je ne sais pas trop quoi faire’ et il voulait dire ‘je ne te rappelerai pas’. Mais Juno sortit au soleil et décida de l’oublier. C’était plus facile comme ça. Se dirigeant vers son studio, son portable se mit à sonner. «Chouchou, c’est moi.» «Je sais, grosse débile, j’ai l’afficheur» répliqua-t’elle d’un ton amusé. Sa soeur. Celle qui ramenait toujours un sourire sur son visage. «Viens chez moi, j’ai besoin de me changer les idées.» Juno se mordit la lèvre, étouffant un ricanement. Se changer les idées, ou plutôt se saouler ? «J’ai un rendez-vous avec un client, mais je débarque après. Prépare la tequila.» «Je t’aime» dit sa soeur avant de raccrocher. Oui, une chance qu’il y avait Winnie.

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