Le réveil sonne. J'ai du mal à ouvrir les yeux. J'ai très mal dormi. Entre la chaleur, les visites incessantes de mon père à la pharmacie et l'état de ma mère qui devenait de plus en plus alarmant, je pensais que ma tête allait exploser et que mon esprit ne me laisserait jamais me blottir dans les bras de Morphée. Je me redresse avec difficulté et m'étire le dos, accompagnant ce geste d'un bâillement peu élégant. Je vais jusqu'à la cuisine et me sert une tasse de café que je mets à réchauffer au micro-onde. Une fois ce délicieux breuvage avalé, je file sous la douche et me prépare pour aller à la pharmacie. J'attache mes cheveux en une rapide queue de cheval. J'enfile un jean, une paire de converses et un top noir. Une légère touche de maquillage sur mes yeux et me voilà en route vers mon lieux de travail.

La matinée a été plutôt calme. Aucune apparition de mon père n'est venu noircir le ciel bleu de cette journée ensoleillée. Mon téléphone sonne. Je profite de l'absence de client pour répondre, me cachant à moitié dans un coin. « Allo ? » Une voix féminine est au bout du fil. Cette voix me dit quelque chose, mais je suis incapable de savoir où est-ce que je l'ai entendue. « Mademoiselle Montgomery ? Je vous appelle au sujet de votre mère. » Et alors je comprends. C'est la petite infirmière qui s'occupe de ce qui reste de ma mère. Elle ne m'avait jamais appelé avant. Quelque chose n'allait pas, sinon elle aurait attendu la fin de la semaine, lors de ma visite. Je fronce les sourcils et serre un peu les dents. « Que se passe-t-il ? Elle va bien ? » Bon, d'accord, je n'y apporte pas un grand intérêt mais c'est quand même ma mère. La jeune femme soupir dans l'appareil. Cela ne présageait rien de bon. « Disons qu'il se pourrait que votre prochaine visite soit la dernière Mademoiselle. » J'entrouvre la bouche. J'ai souvent souhaité qu'elle cesse de vivre pour qu'elle trouve la paix et que le souvenir de mon père ne pourrisse plus son esprit. Mais maintenant que je me retrouve face à cette situation, je refuse qu'elle me quitte. « Je ... Vous en êtes certaine ? » Ma voix tremble. Je ne pensais pas que cela pourrait faire autant de mal. « J'en ai bien peur ... Je pense que les adieux sont de circonstance ... Je suis certaine que si elle pouvait revoir son fils, elle pourrait partir soulagée et heureuse ... » J'en avais presque oublié Thybalt dans cette histoire. Il avait complètement abandonné maman et ne voulait plus en entendre parler. Le faire venir avec moi serait mission impossible. « Je ne sûre qu'il puisse venir mais j'essayerai ... » La sonnette de la porte d'entrée de la pharmacie se fit entendre. « Je dois y aller ... Merci beaucoup ... » J'ai raccroché et attendu un peu que les battements de mon coeur retrouve leur rythme régulier. Je me suis raclée la gorge et j'ai passé ma main tremblante sur ma figure. C'est avec le teint pâle et une forte envie de pleurer que je suis sortie de ma cachette. « Dawson ? » Mon meilleur ami se tenait devant moi. Un petit sourire en coin s'est installé sur mon visage. Je sentais que cette journée allait pouvoir me libérer, me rendre plus forte. Ouai, peut-être pas sûre.