Assise seule à une emplacement de la grande roue, Falyne s'était mise à rêver. Le doux bruit de la fête foraine berçant ses pensées. Et pourtant, personne n'aurait cru que cette jeune institutrice d'apparence très calme ne soit pas tant gênée par le bruit. D'ailleurs, ça l'étonnait elle-même puisque d'habitude, elle détestait le brouhaha. Mais là, ce n'était pas pareil; comme si l’environnement de la fête foraine lui faisait oublier ce brut qui normalement l'agaçait tant, comme si cet univers enfantin adoucissait toutes les pensées, même celles des adultes. Perdue dans le floconneux nuage de sa tête, Falyne n'avait pas entendu la personne arriver et ce n'est que quand il s'assit à côté qu'elle remarqua sa présence. Remise de sa surprise, elle lui lança un bonjour. A ce moment là, le jeune homme se retourna apparemment lui aussi surpris de ne pas être seul. Il bafouilla des paroles puis se reprenant demanda: « Je vous dérange pas j’espère ? » Falyne lui sourit et s'empressa de lui répondre: "Non non, ne vous inquiétez pas, la place est libre. Vous pouvez rester...". Il avait l'air tout enthousiasme à l'idée de faire de la grande roue et, lui même lui avait déclaré que ça faisait longtemps qu'il n'en avait plus fait.

La grande roue se mit en mouvement. Pour l'instant ça allait doucement, vraiment doucement. Falyne s'imaginait déjà être en l'air, dans les airs; les sensation fortes remuant tout son corps. Elle jeta un regard à l'extérieur et regarda les enfants qui se baladaient, des barba-papas à la main. Elle se revoyait encore à l'âge de trois ans et tout à coup lui revint en mémoire un souvenir indélébile qui lui était arrivé lors d'une fête foraine mais des souvenirs de toutes ses fêtes passées en familles, elle en avait des millions en fait. Bref, pour résumer cette anecdote il faut déjà dire que pour la petite fille qu'était Falyne à l'époque, ce fut une des plus traumatisantes expériences qu'elle ait faite mais aujourd'hui quand elle y repense, elle se dit que c'était peut être un peu immature de réagir ainsi. C'était un beau jour d'été où sa petite sœur, âgée alors de 8 ans avait insisté pour essayer le train fantôme. Ses parents avaient alors demandé à Falyne de l'accompagner, de peur que la petite ait trop peur. Ce fut plutôt le contraire qui se produisit. Dès le début, Falyne s'est sentie oppressée et à la fin, elle ne pouvait plus bouger alors que sa sœur était en pleine forme et rigolait. D'ailleurs, la jeune femme se demande toujours comment sa petite sœur avait fait pour ne pas être effrayée. Toujours est-il qu'aujourd'hui, elle a encore peur de faire un train fantôme et n'y est plus jamais retournée malgré le fait qu'elle sache que cette peur est totalement irraisonnée mais, elle n'y retournera sûrement plus jamais de sa vie.

La grande roue prenait maintenant du mouvement et quelques cris commençaient déjà à s'échapper des utilisateurs. Falyne, elle avait le sourire aux lèvres, pressée de vivre sa dose de sensations fortes pour la journée. Se rappelant qu'elle avait de la compagnie, elle déclara alors, avant que le mouvement de la grande roue ne s’amplifie: "Je m’appelle Falyne... Enchantée de faire votre connaissance" Elle sourit et ajouta: "Allez vous souvent aux fêtes foraines? .. Moi j'y vais chaque année, en fait je ne peut pas m'en passer.. J'ai l'impression de retourner en enfance et puis, rien ne pourrait remplacer la grande roue..." Elle rigola alors qu'ils arrivait bientôt au sommet. Bientôt, quand ils auraient la tête à l'envers, commencerait vraiment le divertissement. Mais pour l'instant, elle se sentait bien, un léger vent faisant envoler sa chevelure. Le moment était parfait et elle avait tout à coup l’impression de redevenir la Falyne enfant. Comme si même adulte, des activités nous faisaient redevenir des enfants quelques instants. Nous faisaient revenir en enfance, cet âge parfait ou rien ne compte à part être heureux et ses parents... Malheureusement, on ne peut rester éternellement enfant et bien vite, on se rend compte des difficultés de la vie sans même avoir demandé quoi que ce soit...

Qui aurait pu parier un seul instant que Falyne, venue seule à la fête foraine aurait trouvé par pur hasard un gentil jeune homme à la grande roue, son manège préféré? Personne pas même Falyne en se levant se matin là aurait pu imaginer ce scénario: quelqu'un venant la rejoindre dans une des cabines de la grande roue alors qu'elle était seule à l'origine. Cela était vraiment dû au hasard quoique le hasard ne fait jamais rien au hasard, c'était ce dont était persuadée la jeune femme. Elle était donc actuellement assise avec cet individu qu'elle ne connaissait pas le moins du monde auparavant et le manège commençait doucement à prendre de l'amplitude dans son mouvement. Falyne trouvait cela presque irréel. Des présentations dans une grande roue, ce n'était pas très commun mais après tout, c'est bien dans les moments "spéciaux" que réside la magie. Falyne avait le sourire aux lèvres, comme toujours. Elle ne le quittait presque jamais. Ainsi, elle appris que le charmant jeune homme assis en face d'elle se nommait Elliot. Elle trouvait ce prénom très joli et s'empressa donc de lui faire savoir: "Merci beaucoup. Votre prénom est très joli aussi et il vous va très bien. Enchantée de vous connaître aussi à vrai dire, je ne pensais pas rencontrer quelqu'un ici en me réveillant ce matin" Elle rigola doucement, d'un rire cristallin cette journée était vraiment pas habituelle. Elle se sentait vraiment bien, portée par le mouvement de la grande roue. les souvenirs de son enfance lui passaient par la tête et elle se sentait exceptionnellement libre. Elle n'aurait échangé sa place pour rien au monde même pas pour une bonne coupe de glace au chocolat et à la cerise avec de la chantilly, son péché mignon.

Alors que la grande roue s'approchait dangereusement du sommet, Falyne demanda à Elliot s'il se rendait souvent à la fête foraine. Elle ne ratait jamais une seule édition de la fête à Madison Creek. C'était hors de question et puis, presque toute la ville s'y rendait. Elle n'allait pas faire fine bouche face à un si grand plaisir et ressourcement avant de commencer une nouvelle semaine de travail. A ce moment là, son interlocuteur lui répondit: « En fait, mon métier ne me permet pas trop ce genre d’excès. La dernière fois que je suis monté sur une Grande roue, je devais avoir une dizaine d’année… » Alors, Falyne, curieuse comme toujours lui avait demandé: "Oh dix ans. C'est un grand retour pour vous alors... Que faites vous comme travail?" Puis consciente d'avoir peut-être été trop indiscrète elle repris tout de suite: "Excusez moi. J'ai ce mauvais défaut d'être curieuse, je ne voulais pas parâitre indiscrète" Elle lui sourit avant de reprendre: "Cela fait-il longtemps que vous êtes à Madison Creek? Je ne vous avait encore jamais vu..."

La grande roue commença à redescendre dans le sens inverse, ils n'allaient pas tarder à être tête en bas et à être secoués. L'image de l'année précédente où Falyne, très mal avait fini par vomir en sortant du manège revint en tête à la jeune femme. Cette année, elle avait pris toutes les précautions pour ne pas que ça arrive soit ne pas manger un déjeuner gargantuesque avant et elle espérait que son estomac tiendrait le coup cette fois. A ce moment, Elliot déclara: « Pas de moqueries si j'hurle comme une fillette, hein? »; Falyne se joignit à son rire et répondit: "Non ne vous inquiétez pas. Et puis je sais bien que ce manège fait plus hurler les adultes que les enfants. J'en fais depuis longtemps mais je crie encore. C'est tellement de sensations fortes la grande roue" Elle sourit et les personnes alors que les personnes plus en dessous d'eux commençaient déjà à crier. Ils allaient être la tête à l'envers et c'était imminent. Falyne prit une grande inspiration puis se retrouva la tête à l'envers, les cheveux au vent. C'était une sensation extra. Elle avait l'impression dans un monde à part. Autour d'elle les cris des gens dans les autres cabines résonnaient. Falyne adorait les sensations fortes et quand, la tête à l'envers, elle commença à être bousculée dans tous les sens. Elle cria un bon coup. Ça faisait du bien de se libérer un peu quelque fois...